27/02/2012

Les faux drames de la presse people

L'autre soir en attendant mon vol Prague-Paris, j'ai fait ce qu'on fait tous quand on s'ennuie dans un aéroport : je suis allée au Relay - vous savez, ces kiosques qui ont la particularité d'être implantés dans tous les lieux de transit et que l'on doit à l'expansif Lagardère.

Entre un Cosmo UK et un hebdo tourisme, j'ai eu le plaisir de tomber sur la fine fleur de notre presse people française : France Dimanche, hebdo du groupe Hachette, tiré à un peu plus de 400 000 exemplaires chaque vendredi.

La couv' nous y apprend que l'acteur français le plus aimé à l'étranger en ce moment, vit un « drame en plein triomphe ».


Lequel ? Alexandra Lamy l'aurait-elle trompé / quitté / insulté sur le tapis rouge ? Jean Dujardin souffrirait-il d'une maladie l'empêchant potentiellement de se rendre à la cérémonie des Oscars ? 

En échange d'1 euro 20 (un hamburger au McDo), France Dimanche promet de nous dévoiler l'expérience douloureuse que vit en ce moment la coqueluche de notre hexagone.

Mais que celui qui comptait consommer l'information sans payer la facture se résigne : ouvrir l'hebdo et lire en diagonale ne suffit pas. Et pour cause, la double-page consacrée choisit stratégiquement de rester avare en informations : une photo de Jean Dujardin les sourcils froncés tandis qu'on le connaît habituellement rigolard, une accroche évasive et des intertitres qui ne dévoilent rien. Pour en savoir plus, il faudra donc bel et bien acheter le titre - ou le lire debout dans le Relay et risquer de subir les gros yeux du caissier.


Pourtant, que nous dit le dossier ? Le drame en question est le départ en retraite de Uggie, le chien de The Artist. L'animal domestique, connu pour être très bien dressé, est sans aucun doute, l'autre star du film. Trop vieux (10 ans), Uggie se verrait obligé d'interrompre sa carrière après le sacre de The Artist.

Voilà donc comment France Dimanche, soucieux de faire ses ventes sur le sujet le plus bankable du moment, a décidé de vous offrir l'illusion d'un drame sur ce qui n'est qu'une histoire on-ne-peut-plus naturelle : un CHIEN qui arrête de jouer dans un film, même pas parce qu'il serait malade ou « pire », écrasé par une voiture - mais parce qu'il suit le cours normal de sa vie, autrement dit, VIEILLIT.

S'il nous fallait une énième preuve que France Dimanche, à l'image de ses homologues de la presse people, reposera à jamais sur :
- ses exagérations, frôlant le mensonge
- ses mot-clés attrape-cons (« ultime secret », « terrible trahison », « drame »)
- ses systématiques points d'exclamation :


Le problème de cette littérature ne se résume donc pas uniquement au fait qu'elle puise dans le vivier classique du voyeurisme et sert d'opium du peuple. Plus nocive encore, elle appâte comme une publicité mensongère et théâtralise comme un roman de mauvaise facture. 


Bref, quitte à bouffer de la merde, gardez votre 1 euro 20 et achetez vous un hamburger.

1 commentaire:

manon a dit…

C'est fou quand même, aucun scrupule.
Des fois je lis des trucs comme ça chez le coiffeur et je finis par me détester, je comprends pas comment ça peut marcher.