19/02/2012

Carla Bruni-Sarkozy se dit contre le journalisme d'opinion.

À qui sont ces petits pieds doucement courbés, presque lascivement posés sur un canapé blanc que l'on devine luxueux ?



Bien joué : ils sont effectivement à Carla Bruni-Sarkozy.

La première dame de France a consacré une interview « exclusive » à TV Magazine (édition du dimanche 19 au samedi 25 février), l'hebdomadaire publié par la Socpresse (groupe de presse entièrement détenu par Serge Dassault).


Grégarisme médiatique et peoplisation du politique

L'entretien, malgré son inutilité incontestable (Carla, policée et joueuse, y discute joyeusement télé sans offensivité aucune) et son editing insupportable (la mention « rires » ponctue allègrement l'interview, comme pour rendre le lecteur complice de ce « moment d'intimité ») n'a pas manqué d'être reprise partout dans la presse (ici, , , ou encore ).

TV Magazine nous apprend que Carla « rêve de participer à Rendez-vous en terre inconnue », a beaucoup suivi la Star Academy mais préférait la Nouvelle Star, a adoré le dernier album de Nolwenn Leroy, et apprécie beaucoup Yves Calvi, Anne-Sophie Lapix (qu'il est de bon ton d'aimer depuis qu'elle a « bien répondu » à Marine Le Pen) et Christophe Barbier. Le tout illustré par une photo de l'ex-chanteuse et mannequin, une télé au milieu des cuisses.

Quand on sait que TV Magazine est distribué avec un paquet de journaux de la presse locale, on se doute que cet entretien sera lu par toute la France, celle des villes comme celle des champs. Encore de la nourriture à paresse intellectuelle : après le baiser volé de « Nicolas et Carla » en off sur TF1, voilà cette dernière « qui papote télé » dans un des canards les plus lus du pays. Parfait timing, pour qui souhaitait « humaniser » le candidat UMP.

Le plus affligeant dans tout ça n'est pas tant que la presse agenouillée s'est employée à docilement relayer l'entretien, mais bien qu'aucun média n'a pensé à relever cet extrait de l'interview :

Selon Carla, la liberté de la presse c'est mauvaise ambiance

et l'oligarchie des patrons de presse, ça n'existe pas.


OK. Suivons les conseils de la première dame de France. Par exemple, la prochaine fois, laissons Guéant tranquille avec sa Circulaire et sa hiérarchie des civilisations. Arrêtons d'être agressifs. Parce que, bon... il est bien connu que le 4e pouvoir a les moyens d'être agressif, hein. Et que le journalisme de révérence, lui, n'est que fantôme.

En fait, c'est même à croire que Nico, un soir avant le coït, a demandé à Carlita de nous faire avaler que, dans la presse dominante, le journalisme d'opinion existe encore. Mais arrêtons-nous ici. On pourrait nous accuser d'être trop agressifs.


— Merci à l'IPJ de m'avoir permis de prendre connaissance de cette litanie de banalités sans avoir à acheter le magazine. J'ai apprécié faire caca en feuilletant cet opium du peuple.

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