19/11/2012

La petite leçon de journalisme de Christophe Barbier

Avec les Françs-Maçons, le classement des hôpitaux, Dieu, la sexualité des Français et la scientologie, l'Islam est un des sujets les plus vendeurs en matière de news mags.

Source : http://www.acrimed.org/article3928.html
Tenez, pas plus tard qu'au début du mois, Le Point nous offrait encore une de ces unes accablantes : une femme voilée aux yeux noircis de khôl, l'air frondeur et le revers de main irrévérencieux, s'oppose à une gendarme. L'accent est mis sur l'insoumission de la musulmane puisque la fonctionnaire qui lui fait face nous apparaît de dos. Le titre, « Cet islam sans gêne », vient chapeauter une liste (« hôpitaux, cantines, piscines, jupe, programme scolaire… ») qu'on devine être le terrible errata des territoires de la République qui se sentent menacés par l'invasion coranique. 


Comme jaloux de son voisin de droite, L'Express a rempilé dans son numéro suivant avec un dossier consacré au coût de l'immigration. Cette fois, la couv' est illustrée par la photo d'une femme voilée sur le pas d'une Caisse d'Allocations Familiales. Un choix icono quelque peu provocant, qui a divisé jusqu'aux journalistes de la rédaction.


Ainsi, le SDJ organisait jeudi dernier une assemblée générale au cours de laquelle Christophe Barbier a eu le loisir de revenir sur le choix d'une telle couv' :

« La société se droitise […] L'Express ne peut pas se déconnecter de ce lectorat. La une cible les tripes. C'est à l'intérieur qu'on s'adresse aux cerveaux. » 

En français dans le texte : la direction reconnaît faire le jeu du racolage et le terreau des plus bas instincts, MAIS cette stratégie marketing n'est autrement mue que par un certain sens de la sagesse et de l'apaisement puisqu'elle entend en vérité éduquer le lectorat, par un dossier nuancé qui n'a (promis !) de tapageur que la couverture.

Cette façon de procéder suppose, non seulement, accepter avec sang froid que l'impératif commercial passe avant le rôle de l'information; mais aussi, l'affirmation tout en cynisme, que ceux qui ont le droit à un traitement plus mesuré sont seulement ceux qui payeront pour lire le magazine. Ce qui, tragiquement, relègue le lectorat passif qui ne suit l'actualité que de très loin (ceux qui, souvent pour des raisons économiques, se contentent de la télé, de la presse gratuite et des unes en publicité dans le métro) à une zone d'ombre, de stéréotypes, rancoeurs et idées reçues, cadenacée par ces couv' braillardes et vulgaires.

Voilà. Merci Christophe Barbier pour cette excellente leçon de marketing et de journalisme combiné.

« Peu importe les clichés qu'en une tu cultiveras,
Tout faire pour qu'on achète ton magazine tu feras, 
Tant que dans tes colonnes un semblant de vérité tu rétabliras »

Amen.

2 commentaires:

Pierre a dit…

En effet.
Et quand on sait que ces grandes figures putassières de la presse vont jusqu'à intervenir dans certaines écoles de journalisme (Franz Olivier Giesbert à l'EDJ, Christophe Barbier au CFJ, etc.), ça fait froid dans le dos.

Anonyme a dit…

Barbier devrait troquer sa petite écharpe rouge contre un gros col blanc de marketeux