07/11/2012

Tout le monde se lève (trop) pour Obama


Évidemment qu'il dégage une certaine prestance, Obama. Avec son sourire large, sa silhouette filiforme, ses cheveux ras, ses yeux rieurs et cette éternelle façon qu'a son costume de tomber nonchalamment sur ses épaules. Évidemment. Mais on devrait en avoir rien à fiche. Parce qu'Obama n'est ni une star de cinéma, ni un présentateur télé. Obama est un homme politique.

Qu'il ait l'air « cool » ne constitue en rien une raison de déborder d'enthousiasme à l'annonce de sa réélection. L'intensité de la bonne nouvelle ne devrait pas dépasser la satisfaction de voir Mitt Romney écarté du pouvoir. Or, le problème avec ces élections (comme avec toutes les autres), c'est l'engouement footballistique que revêt le scrutin : la population se meut en supporters de stade, excitée à l'unisson, debout, scandant des slogans de soutien, bouillonnante, enivrée. Mais une fois le match terminé, c'est tous les 4 ans la même chose : tout le monde rentre à la maison, heureux d'avoir participé au spectacle, et la casquette du supporter se retrouve tristement abandonné sur le porte-manteau de la citoyenneté. « C'est bon, on a fait ce qu'on avait à faire. On a joué notre rôle comme il le fallait, maintenant on peut aller vaquer à nos activités quotidiennes. »

Pourtant, faut-il le rappeler : les élections ne sont que la partie visible de l'iceberg, un temps fort de la vie politique, le premier spectacle d'un mandat, un feu d'artifice pour les citoyens. Pourquoi ne prendre part à l'engagement politique que le temps succint d'une campagne politique ? Obama réélu ne veut pas dire que le travail est fait. Obama réélu veut juste dire que Romney, sa mesure anti-avortement, son laisser-faire ultralibéral et ses coupes budgétaires sont priés de se rabattre en coulisses. Et même si c'est déjà pas mal, ce n'est pas tout.

Alors oui, je partage la joie du scrutin de cette nuit. Mais non, je ne me dis pas « contente que Obama ait gagné » - plutôt « satisfaite que Romney ait perdu ». Et j'espère un jour que les citoyens, américains comme d'ailleurs, ne se contenteront plus des élections comme d'un simulacre de citoyenneté. Ce qui passera notamment par le fait d'arrêter de starifier une personne qui, dans l'absolu, devrait avoir moins de « classe » que de « comptes à nous rendre ». Comme par exemple la fermeture de Guantanamo et les mesures contraignantes sur les émissions de gaz, autant de promesses non-tenues lors de ce premier mandat.




2 commentaires:

Marie a dit…

Ca fait du bien

Herculator a dit…

j'ai toujours trouvé que dire d'un président qu'il était swag était le meilleur moyen de n'en rien attendre. elle est dingue, la populace