14/05/2008

Expo : Les Parisiennes de Kiraz / par Géraldine Dormoy


"J'ai trouvé un grand cheveu blond sur son veston mais je n'ose pas lui dire. C'est peut-être celui d'un copain" (à gauche) // "Elle m'a dit tant de choses qu'il ne faut pas que je te répète que je ne sais plus par où commencer" (à droite)
© Kiraz

Tout au long de mon enfance, les Parisiennes de Kiraz ont contribué à construire en moi le mythe de la Parisienne. Ma mère m'en parlait avec une drôle de tendresse dans la voix. Je ne comprenais pas forcément les petites phrases assassines des héroïnes mais leur beauté me suffisait. Je savais que j'avais envie de vivre dans ces rues-là, de porter ces vêtements-là, d'avoir ces cheveux et ces jambes-là. Surtout les jambes en fait. Plus tard, j'ai compris que ces Parisiennes n'existaient que dans la tête de Kiraz, mais ça ne m'a pas vraiment déçue: pour moi, l'esprit du dessinateur continue de flotter encore aujourd'hui sur le boulevard Saint Germain (enfin, au moins sur une toute petite parcelle, disons entre la Hune et le Flore).

Le musée Carnavalet consacre une belle rétrospective à l'artiste. Plus d'une centaine de gouaches y sont exposées, ainsi que des toiles et des publicités, retraçant l'évolution de son style des années 60 à 2000. L'ensemble se parcourt comme un album que l'on feuillette. Chaque gouache raconte une histoire qui mérite un arrêt. Une fois sur deux, ça ne loupe pas, on commence par étouffer un rire joyeux devant la légende toute raturée - Kiraz les rédigeait à la va vite, cinq minutes avant l'arrivée du coursier de Jours de France. Puis le charme du dessin agit : non seulement Kiraz était un coloriste hors pair, mais il savait également retenir les points saillants de la mode de son époque. Les bikinis microscopiques, les imprimés psychédéliques, les pantalons pattes d'eph... tout y est. Originaire du Caire, on le sent également amoureux des rues de Paris : ses Parisiennes évoluent dans un environnement familier mais pas ouvertement touristique. Comme pour le corps de ses Parisiennes, on est dans le fantasme plus que dans la réalité.

Ah, le corps de ses Parisiennes ! On ne voit que ça. C'est la photographe Dominique Issermann qui parvient le mieux à le définir : "il a inventé ce métissage explosif, corps d'Afrique, buste d'Italie, regard de l'Est, cheveux du Nord, esprit de Paris". Eternellement bronzées, l'oeil de biche irrésistible, la moue boudeuse, la jambe interminable, la fesse en pomme, elles dégagent un truc qu'aucun mannequin ne parviendrait à retranscrire. Canderel, qui les mit en scène dans une série de pubs mémorables de 1995 à 2003, l'avait bien compris.



© Kiraz

Par moments, le côté ravissante idiote tend à légèrement heurter mon féminisme (une Parisienne de Kiraz est avant tout une fille à papa qui ne travaille pas et voit les hommes comme des portefeuilles sur pattes à épouser très vite) mais peu importe : si certains propos sont datés, les dessins, eux, demeurent atemporels.

Les Parisiennes de Kiraz
Du 14 mai au 21 septembre 2008
Musée Carnavalet
23, rue de Sévigné, Paris 3ème
Tél : 01 44 59 58 58
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Fermeture le lundi et les jours fériés
Plein tarif 5 €, tarif réduit 3,5 €

5 commentaires:

Anonyme a dit…

et merci de m'avoir prêté le bouquin!!
(le correcteur d'ortho c pour qu on écrive mieux et qu on soit des lecteurs digne de ce nom ? )

Anonyme a dit…

hé ça a l'air chouette cette expo, on y va ?

Émilie Laystary a dit…

pas avant la fin des exams, couillue.

Anonyme a dit…

héhé, coucou emilie

Figure toi que pour le boulot, j'ai été à ce vernissage à Paris il y a deux semaines... Tres chouette expo, pleine de fantaisies,

Bisous

gégé

Émilie Laystary a dit…

pour le boulot? tu fais quoi?
chouette en tout cas pour l'expo, j'ai hâte d'y faire un tour moi aussi.