"20ANS, JE HAIS LES JEUNES FILLES" - LE BOUQUIN QUI REVIENT SUR LE MEILLEUR DU MEILLEUR TITRE DE PRESSE FÉMININE DE TOUS LES TEMPS

Ça faisait un petit moment que je l'avais reçu, mais j'avais le nez tellement coincé entre ses pages qu'il a été dur de décrocher :

20 ans - je hais les jeunes filles est sorti il y a un tout petit plus d'1 mois, aux éditions rue Fromentin*

(*l'édition qui héberge aussi Comment je n'ai jamais rencontré Britney Spears, de Élise Costa, que vous connaissez aussi sous le pseudonyme de Bobby Freckles sur madmoiZelle)

Cette anthologie du magazine 20 ans, coordonnée par Marie Barbier, est un hommage à un des rares titres de presse féminine qui ne s'est jamais contenté "du frivole et du cosmétique" pour s'imposer, mais s'est longtemps différencié des magazines "girly" de l'époque via un humour caustique et une certaine dose de méchanceté - toujours bien pensée.

Dans son introduction, Marie Barbier explique que beaucoup d'objets de la culture populaire font l'objet d'une "muséification" (on les exhume, leur rend hommage, les transforme en objets de collection) ; selon l'auteure, le magazine 20 ans mériterait le même traitement.

En 2 ans, Marie Barbier s'est donc chargée de réunir les meilleurs articles de la publication et des témoignages de lectrices nostalgiques de ce magazine, longtemps plus "laboratoire d'idées" que "féminin".

20ans était un magazine qui avait pour parti pris de « ne pas prendre ses lectrices pour des connes ». L'ouvrage s'applique à revenir sur la période des années 90 - lorsque Isabelle Chazot en était la rédactrice en chef.

Depuis, la nouvelle formule aurait perdu de sa tonalité sarcastique première : rattrapé par la concurrence et le dogme des communiqués de presse, le magazine a laissé sa plus-value caustique derrière lui.

De la plus belle époque de 20ans nous reste donc au moins ce bouquin, dans lequel vous retrouverez pêle-mêle des papiers très drôles sur tout ce qui faisait le quotidien de la jeune fille de l'époque, « tiraillée entre son narcissisme, l'affirmation de soi, les exigences de l'époque [...], coincée entre les exigences d'un ego sur-dimensionné (leg soixante-huitard) et les gifles de la compétition sociale, le tout sur fond de pertes des valeurs, recul de la masculinité, déboires de la mixité, écroulement général du système. »

Les plumes du magazine n'ont pas été que féminines : Alain Soral y a aussi officié.

Le livre revient également sur une (aussi délicieuse qu')absurde interview de Albert Dupontel.

Pour le reste, je vais essayer de me retenir de trop en dire (autrement dit, résister à l'envie pas économiquement viable de vous faire des copier-collers de l'ouvrage par ici). Mais l'anthologie de 20ANS coûte 20 euros (tiens donc) et il est rempli de papiers décapants, toujours très cyniques dans leur analyse sociétale et leur recul sur "les gens modernes".

Par ici, l'interview vidéo de Marie Barbier par madmoiZelle (qui est, lui, le meilleur webzine féminin de tous les temps - pas corporate pour un sous, moi).