04/04/2007

Elles sont jolies, je lui ai dit.


Après le café gourmand, on est sorti du bar et on s'est mises à marcher. On savait pas où aller, alors on a remonté le boulevard. Il y avait bien ce mal de ventre qui me tordait de l'intérieur, et je pensais alors à rentrer à la maison, mais elle me supplia de rester encore un peu avec elle. Alors j'ai continué à marcher. Par peur de me confronter à son regard triste, je gardais les yeux rivés au sol et observais les chewing-gums collés au bitume. Mes yeux glissèrent sur le côté droit et je vis ses ballerines rouges à poids blancs. Elles sont jolies, je lui ai dit. Elle a forcé un petit sourire, et j'ai ri. Nerveusement. Au coin de la rue, je faillis m'écrouler de douleur. Mais elle comptait sur moi pour être à ses côtés, il me fallait donc prendre sur moi. Quand nous avons finalement atteint la grande étendue d'herbe, je lui proposais de sortir la nappe et de nous allonger dessus. Elle hocha la tête, toujours silencieuse. Il faisait incroyablement beau. Allongée, je fixais le ciel et les cimes des arbres qui pointaient en dedans. C'est elle qui finit par briser le silence. "Tu sais..." Je ne dis rien. Il fallait la laisser parler d'elle-même. Elle enchaîna "je suis tombée plein de fois amoureuse ce mois-ci. Des inconnus dans la rue. Des garçons que j'ai trouvé irrestibles. Des garçons que je fixais dans le métro, jusqu'à ce qu'ils me remarquent, et alors je détournais très vite le regard, honteuse."
J'ai dit "je comprends". Et elle s'est mise à pleurer.

Pix. Pharmacy Industry compaign.